17 Nov L’éducation bienveillante même pour les chiens (article sud ouest magazine)
Céline Poujade vient de créer son entreprise de service. Coach en éducation canine, elle enseigne aux propriétaires de chiens comment les éduquer « dans la douceur ».
On connaît l’éducation bienveillante pour éduquer les enfants sans élever la voix. Un mouvement qui prend de plus en plus d’ampleur. Pour les chiens, c’est pareil. Mieux vaut un bout de saucisse qu’une tape sur la croupe.
C’est le credo de Céline Poujade. Elle est coach en éducation et services canins. Elle vient de créer sa société, L’Amie Cahouette, à Floirac et intervient au domicile des propriétaires afin de leur donner les clés pour mieux comprendre et vivre en bonne
intelligence avec leur animal. Cette propriétaire de deux grandes chiennes gère
également des promenades, des garderies d’animaux ou des services divers.
« Je ne fais pas du dressage, précise-t-elle d’emblée. Je préfère dire que je fais du
renforcement positif. » Elle axe son travail davantage sur la récompense du bon
comportement de l’animal que sur la sanction. « Cela engendre une meilleure
relation entre l’homme et son compagnon » affirme-t-elle.
Saucisse en récompense
Hier, à l’heure du goûter, en bas-Floirac chez Sophie, c’est de bouts de saucisses
dont Maestro fait collation. À condition d’avoir été un gentil chien. S’il obéit aux
injonctions de sa maîtresse, celle-ci appuie sur un petit boîtier qui émet un clic et elle
donne à l’animal un bout de charcuterie. « J’enseigne à Sophie, raconte Céline,
comment apprendre à son chien à associer le son à un bon comportement. Il
comprend que le son est synonyme de récompense et apprend ainsi à obéir. La
récompense n’est pas forcément une friandise, c’est aussi et souvent une caresse ou
la voix du maître. »
Sophie s’est sentie débordée par son petit animal qui pointe pourtant une frimousse
tendre et curieuse vers l’étranger. Il faut, parfois, se méfier de l‘eau qui dort puisque
ce même museau a mordu, et plutôt rudement, le fils de Sophie. « Mon mari et moi
avons alors décider de faire appel à quelqu’un pour nous aider, témoigne-t-elle. C’est
un shih tzu âgé de 8 mois. Il était très actif, sautait partout. Il était capable de s’en
prendre aux autres chiens, même s’ils étaient plus grands que lui. J’avais besoin
d’apprendre à le tenir à l’extérieur de la maison comme à l’intérieur. »
Céline rectifie les éléments de sémantique. « Je ne dirais pas qu’elle a besoin de le
« tenir » mais plutôt de créer une nouvelle relation. Je ne dis pas qu’il « saute » sur
les autres chiens mais qu’il réagit face à ses congénères. Le dresseur de chien va
punir les mauvais comportements. Moi je préfère valoriser les bons et ignorer les
mauvais. Quand il se rend compte que les mauvais comportements n’attirent pas
l’attention de son maître, le chien, qui n’est pas idiot, cesse de le faire. Et le maître
n’a même plus besoin d’élever la voix. » Sophie témoigne en ce sens. Elle a un jardin
très en pente au fond duquel Maestro s’amusait à grimper sans crier gare et ne
revenir qu’au moment où le coeur lui en disait en faisant fi des sommations de sa
maîtresse. « Depuis que je travaille avec Céline et dès la deuxième leçon, quand je
l‘appelle il revient sagement. »
Des techniques précises
Céline démontre que « si le chien, après avoir été appelé, est accueilli par un maître
en colère qui lui crie dessus et râle parce qu’il l’appelle depuis 10 minutes, le chien
n’aura plus envie de revenir si c’est pour se faire crier dessus. Alors que si le maître
parvient à contenir son agacement après avoir répété la même chose pendant 10
minutes mais récompense l’animal par un mot gentil dit d’une douce voix, l’animal
aura tout intérêt à revenir dès qu’il entendra qu’on l’appelle. »
Sur la terrasse, les deux femmes et le shih tzu apprennent à s’apprivoiser
mutuellement. La coach ressasse les mêmes consignes : « Dis-lui assis, clic et
donne la récompense », « Redresse-toi », « Ignore-le », « Dis-lui assis », « Rappellele
vers toi ». Devant le chien, elle se penche et pose sa main, vide, au sol. L’animal,
habitué à aller chercher du goûter, fourre sa truffe à la recherche du bout de
saucisse. « Nous travaillons le “laisse, arrête”, explique Céline qui, de l‘autre main, lui
lance un ballon. Quand il insiste, on peut détourner son attention, ça marche très
bien. »
Sophie n’oublie pas de cliquer à chaque récompense de Maestro. « Mon mari
n’utilise pas le clic mais uniquement sa voix, explique-t-elle. Ce son n‘est qu’un outil
d’apprentissage, quand un comportement est aquis, on ne l’utilise plus. Nous avons
une relation beaucoup plus apaisée avec lui. Avant quand il faisait la fête, il pouvait
être très euphorique. Maintenant, il sait se calmer quand on le lui dit. Ainsi, lui
comme nous, profitons bien mieux des caresses et des câlins. »
Ça marche aussi avec les enfants.